Les victimes de la gigantesque arnaque de l’érudit Cheikh Ridha dont le montant cumulé dépasse les 200 millions de dollars ne lâchent pas prise. Certaines ont menacé de mort le «Madoff mauritanien», longtemps protégé par l’ancien régime, d'autres appellent la présidence à résoudre le problème.
La plus grosse arnaque jamais connue en Mauritanie continue de susciter des vagues de colère. Les victimes de l’érudit arnaqueur Cheikh Ridha multiplient les manifestations devant la présidence de la République afin que l’exécutif trouve une solution à leur problème.
Il faut dire que le système de Ponzi mis en place par Cheikh Ridha, un érudit «aux dons mystiques», a ruiné plusieurs familles. En tout, on recense quelque 8.900 personnes désormais organisées en collectif pour réclamer leurs droits. Les victimes des arnaques du Madoff mauritanien estiment le
préjudice global subi à plus de 7 milliards d’ouguiyas, soit près de 200 millions de dollars américains.
Il faut dire que Cheikh Ridha avait mis en place un véritable «système de Ponzi» en proposant à sesbnvictimes le rachat de leurs propriétés immobilières et/ou biens mobiliers (terrains, habitations, voitures, etc.) à des prix très largement au-dessus de la valeur supposée. En clair, il faisait miroiter à des milliers
de personnes des gains mirobolants. En plus, plusieurs victimes mettent en avant le pouvoir«irrésistible» du Cheikh pour exécuter son crime financier.
Le système de Ponzi est un procédé ingénieux basé sur un «montage frauduleux qui consiste à rémunérer les premiers investissements et clients, essentiellement par les fonds provenant des nouveaux entrants, tant que l’escroquerie n’est pas découverte. Une fois que le pot aux roses est étalé sur la place publique, le montage s’écroule à la vitesse d’un château de cartes, quand les ressources apportées par les nouveaux entrants n’arrivent plus à couvrir le remboursement des clients».
Ainsi, pour un terrain d’une valeur de 4 millions d’ouguiyas, le Cheikh l’achetait à 6 millions d’ouguiyas en ne versant à son propriétaire que 1 million d’ouguiyas, par exemple, et le reste à crédit. Le bien était par la suite cédé à 3 millions d’ouguiyas ou moins, mais payé rubis sur ongle. Du coup, le Cheikh tirait rapidement un très grand profit à la revente. Idem pour les acquéreurs qui bénéficiaient des biens au rabais.
Et pour ses victimes, il versait un acompte en cash équivalent à 10 à 20 fois inférieur à la valeur du prix d’acquisition convenu et le reste était remboursé à crédit sur plusieurs échéances.
Seulement, si les premiers ont pu bénéficier des remboursements du Cheikh, les autres attendent toujours les remboursements de montants colossaux.
Mohamed Dellahi, membre du bureau des créanciers de Cheikh Ridha, explique que l’objectif de la démarche est d’attirer l’attention de la plus haute autorité sur un problème que vivent plusieurs centaines de familles, délestées de leurs biens mobiliers et immobiliers, avec «la complicité» du pouvoir précédent (celui de Mohamed ould Abdel Aziz). Il plaide en faveur d’une solution politique, ou alors un règlement par la justice, avec toutes les garanties d’indépendance.
Discours identique chez Mohamed Abderrahmane, également victime du Bernard Madoff mauritanien. Il explique être venu pour protester à l’instar de ces nombreux hommes et femmes qui ont tout perdu et se retrouvent dans la rue, avec des familles disloquées. Il met en garde contre les risques de graves
troubles sociaux qui pourraient résulter du pourrissement de cette affaire.
Fatimetou mint Daff, présidente du Collectif des victimes de Cheikh Ridha, s’insurge contre l’absence totale de réaction de la part du pouvoir exécutif, notamment du président Mohamed Cheikh El Ghazouani et des autorités judiciaires, en dépit des manifestations récurrentes pour réclamer un
règlement.
Des propos de la présidente du collectif qui font monter la mayonnaise au sein d’une foule largement dominée en nombre par les femmes.
Fatimetou mint Ahmed, victime de cheikh Ridha, abonde dans le même sens et interpelle les autorités sur leurs responsabilités nationales et sociales, pour éviter des règlements de comptes en privé.
Pendant les dernières semaines, certaines de ces dames ont posté sur les réseaux sociaux des images les montrant avec des armes automatiques, signe de leur détermination à aller au bout de cette affaire.
Pour le moment, l’homme âgé de 45 ans, après avoir bénéficié de la protection de l’ancien régime de Mohamed ould Abdel Aziz, a été entendu en novembre dernier par la police des crimes économiques sur la plus grande arnaque jamais enregistrée en Mauritanie dans le cadre de la suite de l’Enquête
parlementaire sur la décennie de l’ancien président Mohamed ould Abdel Aziz.
Les policiers se sont intéressés à certaines transactions immobilières menées par le Cheikh auprès desmembres influents de la famille de l’ex-président.
En attendant, certaines victimes se sont affichées sur les réseaux sociaux avec des armes menaçant d'assassiner le Cheikh si une solution n'est pas trouvée à leur problème.
Le 360.ma
Amadou Seck