Selon le réseau social Twitter, Donald Trump a publié, après les événements qui ont eu lieu au Capitole américain le 6 janvier, deux messages qui incitent à la violence. La société californienne a suspendu définitivement le compte @realDonaldTrump.
« Compte suspendu ». @realDonaldTrump, le compte Twitter du président des États-Unis, qui était son principal canal de communication, affiche désormais une page totalement vide. Plus moyen de consulter les milliers de messages que Donald Trump a publiés ces dernières années, ni même de savoir combien de comptes étaient abonnés à cette page (ils étaient 88 millions). « Twitter suspend les comptes qui enfreignent les Règles de Twitter », est-il simplement indiqué.
Le réseau social a frappé un grand coup, vendredi 8 janvier, en annonçant suspendre « de façon permanente » le compte personnel du président des États-Unis, caisse de résonance sur lequel il a bâti son ascension politique. Pour justifier sa décision, la société californienne pointe deux messages, du 8 janvier. « Les 75 000 000 de grands patriotes américains qui ont voté pour moi, AMERICA FIRST, et Make AMERICA GREAT AGAIN, auront une voix géante dans le futur. Ils ne seront ni méprisés ni traités injustement de quelque manière que ce soit !!! », a twitté Donald Trump. Puis : « À tous ceux qui ont demandé, je n’irai pas à l’inauguration le 20 janvier. »
Selon Twitter, ces deux messages peuvent « inciter à la violence ». « Nous avons estimé qu’ils étaient susceptibles d’encourager et d’inspirer des personnes à reproduire les actes criminels qui ont eu lieu au Capitole américain le 6 janvier 2021 », indique le réseau social, qui estime donc que ses règles internes ont été enfreintes. « La déclaration du président Trump selon laquelle il ne participera pas à l’inauguration est reçue par un certain nombre de ses partisans comme une confirmation supplémentaire que l’élection n’était pas légitime », poursuit Twitter, qui ajoute que l’absence du président Trump à l’inauguration peut faire de cette cérémonie une « cible sûre car il ne sera pas présent ».
La crainte de « plans pour de futures manifestations armées »
Twitter estime aussi que ces messages contredisent le précédent dans lequel Donald Trump assurait vouloir faciliter une « transition ordonnée ». Au contraire, ce serait le signe qu’il « envisage plutôt de continuer à soutenir, autonomiser et protéger ceux qui croient avoir remporté l’élection ».
« Les plans de futures manifestations armées prolifèrent déjà sur et hors de Twitter, pour une deuxième attaque du Capitole le 17 janvier 2021 », relève la plateforme.
« Nous ne serons pas réduits au silence »
Voilà désormais Donald Trump évincé des principaux réseaux sociaux. Outre Twitter, Facebook, Snapchat ou Twitch ont aussi suspendu le profil du locataire de la Maison-Blanche pour une durée indéterminée. « Nous ne serons pas réduits au silence », a protesté l’intéressé via le compte officiel POTUS (Président des États-Unis), à l’attention des « 75 millions de patriotes » qui ont voté pour lui.
Il a évoqué des représailles contre le réseau qui « interdit la liberté d’expression » et le possible lancement de sa propre plateforme dans un futur proche, à travers une série de messages immédiatement retirés par Twitter.
Mise en garde contre des atteintes à la liberté d’expression
Les critiques s’étaient multipliées toute la semaine contre les réseaux, jugés trop lents ou trop laxistes. Les décisions de Facebook et de Twitter ont d’ailleurs été accueillies avec plus de colère et de mépris que de soulagement. « Quand Twitter et d’autres agissent maintenant, c’est comme tous ces hauts responsables du gouvernement qui démissionnent à quelques jours de la fin (du mandat) : c’est trop peu, trop tard », a regretté Angelo Carusone, président de l’ONG Media Matters for America.
Mais des voix se sont aussi élevées à gauche pour mettre en garde contre de possibles atteintes à la liberté d’expression. « Nous comprenons le désir de suspendre (le président), a commenté Kate Ruane de la puissante association de défense des droits civiques ACLU, mais tout le monde devrait s’inquiéter quand ces entreprises ont le pouvoir de retirer des personnes de leurs plateformes qui sont devenues indispensables à l’expression de milliards d’individus. »