Nicolas Sarkozy a été déclaré coupable de corruption et de trafic d’influence ce lundi 1er mars par le tribunal correctionnel de Paris. Il devient, après Jacques Chirac, le deuxième ancien président condamné sous la Ve République.
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L’ancien chef de l’Etat a été condamné à trois ans de prison, dont un an ferme. C’est la première condamnation pour Nicolas Sarkozy, mis en examen dans de nombreuses affaires.
Le tribunal a prononcé la même peine, trois ans de prison, dont un an ferme, à l’encontre de l’avocat Thierry Herzog et de l’ancien haut magistrat Gilbert Azibert. Le tribunal a reconnu l’existence d’un « pacte de corruption » entre les trois hommes, qui sont ressortis libres du tribunal.
Les peines sont inférieures aux réquisitions. Le 8 décembre, le parquet national financier (PNF) avait requis contre l’ex-président de 66 ans quatre ans d’emprisonnement dont deux ferme, estimant que l’image présidentielle avait été « abîmée » par cette affaire aux « effets dévastateurs ».
Lundi, la présidente Christine Mée a rejeté les demandes de nullités soulevées par la défense. « Les délits ont porté gravement atteinte à la confiance publique en laissant entendre que les décisions de la Cour de cassation peuvent faire l’objet d’agissements occultes en faveur d’intérêts privés. Ce dévoiement exige une réponse pénale ferme », a-t-elle déclaré. Le chef du parquet national financier (PNF), Jean-François Bohnert, assistait à l’audience.
Une ligne téléphonique secrète
L’affaire des « écoutes » remonte à 2014. A cette époque, l’usage de WhatsApp et autres messageries cryptées était peu répandu, a mis en avant l’ancien chef de l’Etat. Dans le cadre de l’enquête sur les soupçons de financement libyen de sa campagne présidentielle de 2007 – qui lui a valu depuis une quadruple mise en examen –, les juges avaient découvert que Nicolas Sarkozy utilisait une ligne téléphonique secrète, ouverte sous l’alias de « Paul Bismuth », pour communiquer avec son avocat Thierry Herzog.
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Une dizaine de leurs conversations ont été retranscrites. Elles prouvent qu’un « pacte de corruption » a été conclu entre Nicolas Sarkozy, son avocat et l’ancien haut magistrat Gilbert Azibert. Gilbert Azibert a transmis, via Thierry Herzog, des informations couvertes par le secret et tenté d’influer sur un pourvoi en cassation formé par Nicolas Sarkozy, en marge de l’affaire Bettencourt. En échange, ce dernier a accepté d’appuyer la candidature du magistrat, alors avocat général dans une chambre civile de la haute juridiction, pour un poste de prestige à Monaco.
Herzog et Azibert jugés coupables
Thierry Herzog a été reconnu coupable de violation du secret professionnel, de même que Gilbert Azibert a été déclaré coupable du délit de corruption passive par magistrat. « Thierry Herzog et Nicolas Sarkozy avaient conscience de l’illicéité des actes de M. Azibert », a déclaré la présidente Christine Mée. Thierry Herzog a également été condamné à cinq années d’interdiction de l’exercice du métier d’avocat.
Nicolas Sarkozy s’est retiré de la vie politique en 2016 mais il reste toujours très populaire à droite, un an avant le prochain scrutin présidentiel. Le 17 mars, il affrontera un deuxième procès, dans l’affaire « Bygmalion », portant sur sa campagne présidentielle de 2012 et dans laquelle il est mis en examen pour « financement illégal de campagne électorale ».